La vague de froid de février 2012
5e vague de froid la plus intense depuis 1947
La vague de froid qui a touché quasiment toute la France en février 2012 reste à ce jour la dernière forte vague de froid que nous avons connue et la plus intense du 21e siècle. Sur l’ensemble du mois de février, les températures se sont situées en moyenne 5 °C sous les normales. Cet écart négatif aux normales a même atteint 6,2 °C à Linthal (68) et Lucelle (68), un record pour un mois de février pour ces deux stations ouvertes après 1986. En effet, pour retrouver un mois de février plus froid dans la région, il faut remonter à 1986, puis 1956 qui reste la vague de froid de tous les records à l’échelle du Pays.
Dès la fin du mois de janvier 2012, après un début d’année plutôt doux, une masse d’air polaire venue de Russie s’est dirigée droit sur nous. Cette situation assez classique est appelée par les météorologues un « Moscou-Paris » car l’air froid et sec venu de Russie atteint directement la France en quelques jours. Les sols ayant parfois été blanchis par la neige en tout début février, le rayonnement nocturne intense a permis aux températures minimales de rapidement descendre sous la barre des -15 °C !
-15,0 °C à Strasbourg (67) le 5 février
-15,3 °C à Nancy-Essey (54) le 7 février
-16,2 °C à Nancy-Ochey (54) le 7 février
-16,3 °C à Fougerolles (70) le 6 février
-16,4 °C à Rupt-sur-Moselle (88) le 6 février
-16,8 °C à Mulhouse (68) le 5 février
-17,0 °C à Epinal (88) le 5 février
-17,2 °C à St-Maurice (54) le 7 février
-17,4 °C à Colmar-Meyenheim (68) le 5 février
-17,5 °C à St-Ouen-les-Parey (88) le 5 février
-17,9 °C à Bellefontaine (88) le 5 février
-18,1 °C à Luxeuil-les-Bains (70) le 7 février
-18,3 °C au Ballon de Servance (70) le 7 février
-18,4 °C à Turquestein-Blancrupt (57) le 12 février
-18,5 °C à Lucelle (68) le 4 février
-18,8 °C au Ballon d’Alsace (90) le 7 février
-19,0 °C à Gérardmer (88) le 5 février
-19,0 °C au Champ-du-Feu (67) le 3 février
-20,2 °C à Bâle-Mulhouse (68) le 4 février
-21,0 °C à Mouterhouse (57) le 7 février
Les températures maximales sont elles aussi rapidement descendues, sans dégel pendant plusieurs jours. A Epinal, il n’a pas fait plus de 0 °C durant 14 jours consécutifs, du 31 janvier au 13 février 2012. Au plus « chaud » de la journée du 7 février, on n’a pas mesurée plus de -14,9 °C au Markstein (68) ainsi qu’au Champ-du-Feu (67) ! La plaine n’a pas non plus été épargnée avec des températures maximales le 7 février de -8,4 °C à Strasbourg-Entzheim (67), -8,9 °C à Colmar (68) et Mulhouse (68), -9,2 °C à Epinal (88) et -9,8 °C à Munster (68) et Volmunster (57).
Avec de telles valeurs, les cours d’eau se sont rapidement mis à geler, la glace devenant chaque jour plus épaisse. Le canal de l’Est à Epinal, qui relie la Meuse et la Moselle à la Saône, a dû finalement être fermé à la circulation car l’épaisseur de glace de 12 cm ne permettait plus un passage des brise-glaces.
Le gel prononcé et marqué, pendant 14 jours consécutifs et avec un minimal à -19,0 °C à Gérardmer, a même permis au lac d’être complètement pris dans les glaces sur une profondeur de plus de 30 centimètres, suffisant pour traverser la surface glacée. Une telle situation est assez rare ; la dernière en date remonte à janvier 2017.
A partir du 13 février, une masse d’air plus douce venue de l’Atlantique a apporté un épisode neigeux conséquent sur l’ensemble du Pays. L’arrivée de cet air doux a marqué la fin de cette vague de froid, avec ensuite une seconde moitié de février au-dessus des normales concernant les températures.
Au final, cette vague de froid, qui aura duré 17 jours à l’échelle de l’Europe, a causé le décès d’environ 600 personnes. Dans un contexte de réchauffement global de la planète, ce type d’événement devient extrêmement rare, au contraire des épisodes caniculaires qui eux ont tendance à se multiplier. Aucune autre vague de froid de cette ampleur en Europe n’a eu lieu depuis : cet épisode de froid intense reste donc à ce jour le plus important du 21e siècle pour la France.