La vague de froid de février 1956
La plus puissante du XXe siècle
Seulement deux années après un hiver 1954 très rigoureux, c’est à nouveau une situation exceptionnelle qui se met en place en 1956. Dès la fin janvier 1956, un vaste anticyclone remonte sur l’Islande et se bloque dans l’Atlantique Nord pendant quasiment un mois. Conséquences de ce blocage, de l’air froid continental venu de Sibérie dégouline sur l’ouest de l’Europe durant plusieurs semaines. Le froid qui atteint la Méditerranée dont les eaux sont restées douces permet alors la formation de plusieurs creusements dépressionnaires. Ces dépressions méditerranéennes vont entretenir sur une longue cette situation de blocage, en aspirant continuellement l’air glacial venu de Sibérie, et générant alors la plus grosse vague de froid du 20e siècle.
Dans notre région, c’est dès le 31 janvier 1956 que le froid intense s’installe. A Phalsbourg (57), alors qu’il faisait encore +6,4 °C le 30 janvier, le mercure chute de plus de 15 °C en 24 heures. On relève ainsi -18,5 °C au matin du 1er février et -15,0 °C au plus « chaud » de la journée. Après un premier pic de froid atteint dans la région le 2 février 1956, les températures remontent quelque peu sans pour autant passer la barre du dégel. Une nouvelle offensive de froid intense se met ensuite en place autour du 12 février. Du 18 au 26 février, la vague de froid se maintient et il n’est pas rare d’observer des températures minimales quotidiennes proches des -20 °C. Il faudra attendre le tout dernier jour de février 1956 pour que les températures remontent enfin et que le dégel s’opère.
La station de Strasbourg-Entzheim (67) a connu au cours de ce mois exceptionnel 29 jours de gel (la totalité du mois), 22 journées sous la barre des -10 °C, 12 jours sous les -15°C et même 4 jours sous les -20 °C ! Concernant les températures maximales, les statistiques sont tout aussi impressionnantes avec 27 jours sans dégel, 15 journées sous les -5°C et 3 journées sous les -10°C !
Températures minimales et maximales sur la période 25/01 au 01/03/1956 et écarts à la normale à la station de Bâle-Mulhouse (68) – source Météo France.
Températures minimales et maximales sur la période 25/01 au 01/03/1956 et écarts à la normale à la station de Nancy-Essey (54) – source Météo France.
Canal du Rhône au Rhin à Strasbourg (67) durant février 1956 – source Journal l’Alsace
A Bâle-Mulhouse, la température moyenne de tout le mois de février 1956 s’est établie à -9,7 °C contre +3,4 °C habituellement. Ce déficit thermique de 13,1 °C par rapport aux normales constitue un record absolu dans la région. Il y avait à l’époque très peu de stations météorologiques. Voici les valeurs les plus basses relevées durant ce mois de février 1956 dans la région :
• -22,0 °C à Phalsbourg (57) le 10 février 1956
• -22,2 °C à Strasbourg-Entzheim (67) le 20 février 1956
• -22,8 °C à Bâle-Mulhouse (68) le 13 février 1956
• -23,2 °C à Metz-Frescaty (57) le 17 février 1956
• -23,2 °C à Luxeuil-les-Bains (70) le 18 février 1956
• -24,8 °C à Nancy-Essey (54) le 21 février 1956
Cette vague de froid a fortement pénalisé l’économie française qui s’est retrouvée totalement paralysée, d’autant plus qu’elle s’est accompagnée de chutes de neige : jusqu’à 16 cm à Nancy-Essey et 19 cm à Luxeuil-les-Bains. Les axes routiers ont souvent été bloqués et l’ensemble des fleuves et rivières de France ont été recouverts d’une épaisse couche de glace. Février 1956 reste encore aujourd’hui le mois le plus froid jamais observé en France. Les températures ont été comparables à celles habituellement observées dans certaines parties de la Sibérie.