Inversions thermiques hivernales

C’est un phénomène qui fait partie de notre climat, que l’on a fréquemment l’habitude de rencontrer entre novembre et février : les inversions thermiques ! Opposant souvent les secteurs de plaine aux reliefs, elles sont souvent à l’origine d’images particulières et de contrastes thermiques particulièrement marqués.

Comment se forme ce phénomène ?

C’est surtout en fin d’automne et au cours de l’hiver que se forment les inversions thermiques. Le premier élément indispensable est la présence d’un anticyclone qui permet d’écarter les perturbations, les précipitations et également… le vent ! L’absence de ce dernier rend donc impossible le brassage de l’air et donc la dissipation des brouillards, très nombreux à se former en période froide.

La faiblesse du soleil en cette saison et la durée restreinte de son activité sont également deux facteurs qui vont agir en faveur des phénomènes de nuages bas tenaces. Enfin, ces phénomènes peuvent durer plusieurs jours et uniquement une perturbation qui peut y mettre fin. Pendant tout cette durée, l’air froid, saturé en humidité et souvent en pollution stagne ainsi dans les plaines et en vallée alors que l’air doux, plus léger, se retrouve porté en altitude.

On comprend alors pourquoi la plaine d’Alsace est aussi sujette aux brouillards et nuages bas : 51 jours par an à Strasbourg (67).

L'occasion d'une bonne leçon de géographie !

Ces phénomènes qui se produisent tous les ans sont souvent l’occasion d’images satellites spectaculaires. Elles mettent ainsi en avant de façon remarquable la topographie de notre région : vallées, côtes, plaines, etc.

L’exemple ci-joint représente la situation du 28 novembre 2020 où en Alsace, les secteurs sous 500 mètres d’altitude ne sont jamais sortis de la grisaille. Cela s’en était ressenti sur les températures : température maximale de 2,4 °C à Colmar (68 – 207 m) contre 10,8 °C à Xonrupt-Longemer (88 – 785 m) par exemple.

L’image suivante représente la situation du 15 novembre 2018 avec un plan un peu plus élargi. Le versant lorrain du massif a été avantagé ce jour-là puisqu’en effet, le soleil s’est imposé jusqu’à 300 mètres d’altitude tandis que versant alsacien, les brouillards ont parfois dominé toute la journée jusqu’à 600 ou 700 mètres d’altitude. Au milieu des plateaux lorrains, une colline a émergé du brouillard, celle de Sion (520 m), représentée par le ovale rouge.

L’image est très esthétique puisque les vallées occupées par les brouillards ressortent particulièrement bien : (1), celle de la Bruche entre Schirmeck et Molsheim, (2) le val de Villé, (3) la vallée de la Lièpvrette entre Sainte-Marie-aux-Mines et Châtenois. Le constat est le même dans la vallée de la Thur (4) avec un brouillard s’arrêtant aux pieds des cols de Bussang et du Bramont. Enfin chez nos amis allemands, la vallée de la Gutach (5) est particulièrement visible.

Tout ceci s’en est évidemment ressenti sur les températures (ici les maximales du jour représentées) : il a fait, par exemple, 16,0 °C à Rupt-sur-Moselle (88) sous le soleil alors qu’à 35 km de là, le mercure a difficilement dépassé 5 °C à Épinal (88). Enfin, pendant qu’il faisait presque 15 °C à Gérardmer (88), il ne faisait pas plus de 6 °C  à Labaroche (68) à altitude égale. 

Vous l’aurez donc compris, si vous en avez marre de rester plusieurs jours consécutifs sous le brouillard et le froid en hiver, il y a fortes chances qu’en prenant un peu d’altitude, vous puissiez renouer avec du soleil et de la douceur !

La dernière image ci-dessous est l’occasion d’ouvrir encore un peu plus l’horizon, le 25 février 2017. Les plaines, les vallées, les sommets, tout y est ! Une image satellite peut donc être très riche d’enseignements et d’interprétation.

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