L'effet de foehn

Le sèche-cheveux alsacien

Le foehn désigne un vent chaud et sec qui souffle parfois dans les plaines et vallées entourant une zone montagneuse. Ce phénomène est particulièrement connu des Alsaciens qui bénéficient parfois de conditions météorologiques très favorables quand, au même moment, les Lorrains sont sous le froid et la pluie. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si, en langue alsacienne, le foehn désigne un sèche-cheveux…

Comment se forme ce phénomène ?

Lorsqu’une masse d’air arrive de l’ouest, elle rencontre nécessairement sur son passage le relief des Vosges. Elle doit alors se soulever pour passer cette barrière naturelle, avant de redescendre en plaine d’Alsace. On pourrait penser que ce processus n’a pas d’impact sur la masse d’air en question, eh bien c’est tout le contraire !

1 – Lors de son soulèvement en amont du relief, côté lorrain, une masse d’air non saturée en vapeur d’eau se refroidit en moyenne de -1 °C tous les 100 mètres d’altitude. Mais une masse d’air plus froide ne pouvant pas contenir autant de vapeur d’eau qu’une masse d’air plus chaude, ce soulèvement finit par entraîner une saturation en humidité. Des nuages se forment donc.

2 – La masse d’air poursuit ensuite son ascension, toujours avec le seul objectif de passer la barrière vosgienne. Cette fois, étant saturée à 100 % d’humidité, son refroidissement est plus lent, de l’ordre de -0,65 °C tous les 100 mètres. La vapeur d’eau qui continue de se condenser tombe alors au sol sous forme de copieuses précipitations.

3 – Une fois les crêtes vosgiennes atteintes, la descente de la masse d’air sur le versant alsacien du relief va pouvoir enfin s’enclencher. Mais une grande partie de la vapeur d’eau présente dans la masse d’air d’origine s’est condensée de l’autre côté du massif et est tombée sous forme de précipitations. La masse d’air contient donc bien moins de vapeur d’eau qu’à son arrivée près des Vosges, elle n’a plus tout à fait les mêmes caractéristiques physiques.

4 – En redescendant dans la vallée en direction de la plaine d’Alsace, la masse d’air se réchauffe et son taux d’humidité redescend rapidement. Les précipitations deviennent alors plus rares et il est même possible d’observer des coins de ciel bleu appelés « trous de foehn ». Le réchauffement de la masse d’air qui redescend est alors de +1 °C tous les 100 mètres d’altitude puisqu’elle n’est plus saturée. Si la masse d’air se réchauffe plus rapidement à la descente qu’elle ne s’est refroidie à la montée, on comprend alors aisément pourquoi il fait bien plus chaud en plaine d’Alsace qu’à Épinal.

Il n’est pas rare d’observer des différences de températures de l’ordre de 10 °C entre le plateau lorrain et la plaine d’Alsace. C’est surtout le cas en automne et en hiver quand des perturbations arrosent copieusement la Lorraine, alors que des éclaircies sont observées autour de Colmar. Cela ne veut pas pour autant dire que le temps est calme, puisque ce phénomène est souvent accompagné de rafales de vent à plus de 60 km/h en plaine et dans les vallées alsaciennes. L’effet de foehn est tellement fréquent au niveau du relief des Vosges qu’il finit par être visible sur les cartes climatiques. C’est à cause de lui qu’il pleut autant sur le sud du relief vosgien et grâce à lui que la région de Colmar est une des localités les plus sèches de France.

Carte de précipitations moyennes par an sur la région, calculées sur la période 1991-2020. Source Météo-France

Enfin, il faut savoir que ce phénomène météo n’est pas propre à nos régions, il se produit un peu partout dans le monde, pour peu qu’on ait une masse d’air maritime qui vient buter sur une chaîne de montagne. Cependant, il est particulièrement connu et marqué dans notre région, car les Vosges, malgré leur modeste hauteur, sont les premiers reliefs que rencontrent les perturbations venues de l’Atlantique. Dans certains endroits du monde, le vent chaud et sec associé à l’effet de foehn peut avoir des conséquences dramatiques, provoquant des crues subites lorsqu’il fait fondre en quelques heures seulement un épais manteau neigeux, ou favorisant le déclenchement et la propagation de feux de forêts en période estivale.

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